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Gérard NAMER (1928-2010)

Témoignage

Louis Moreau de Bellaing

Gérard Namer fut d’abord conservateur de bibliothèque à Rouen et à Paris, avant d’entrer à l’Université comme assistant de sociologie à la Sorbonne, puis d’y devenir maître-assistant, et enfin, en 1975, d’être élu professeur de sociologie à Paris VII. Il est mort le 30 décembre 2010 à quatre-vingt deux ans.

Elève de Gurvitch, il fait sa thèse sur Rousseau sociologue de la connaissance. L’une de ses grandes entreprises fut ensuite de redonner à Maurice Halbwachs toute son importance. C’est lui qui assura une nouvelle édition de La Mémoire collective, le dernier livre d’Halbwachs avant sa déportation, en reprenant des inédits et en remettant en ordre le manuscrit. Par ailleurs, son livre sur cet auteur (publié aux Éditions L’Harmattan) donne une idée précise de l’ensemble de l’œuvre. Le thème de la mémoire collective inspira à Namer de belles pages sur la mémoire des déportés et sur celle des étudiants. Il lui inspira également son beau livre sur La Commémoration, batailles pour la mémoire (aux Éditions Klincksieck, réédité chez L’Harmattan) qui analyse les fêtes de la Libération en 1944-1945.

Gérard Namer écrivit avec Patrick Cingolani un ouvrage sur Morale et Société (aux Éditions Klincksieck) qui eut un certain succès. Autre préoccupation de Namer : la démocratie. Non, comme Lefort, la société démocratique, mais plutôt la démocratie comme type d’humanité à construire et à perfectionner. Son livre Le Contre-temps démocratique peut être lu en ce sens. À la fin de sa vie, il consacra son temps et ses forces qui diminuaient à Karl Mannheim. Mais il n’abandonna pas la politique (le PS), écrivit des essais (dont l’un avec Francis Farrugia), des propositions. Son dernier livre, non publié (mais qui, on peut l’espérer, le sera) prolonge, d’après ce qu’il nous en avait dit, sa réflexion sur ce thème.

De double culture, italienne et française, nourri de philosophie et de sociologie allemandes, Gérard Namer apporte dans son œuvre, qu’il a placée sous le signe de la sociologie de la connaissance, une volonté d’élargir d’une manière critique, c’est-à-dire approfondie, ce que Gurvitch avait pressenti et initié : adresser la sociologie de la connaissance au politique, à la politique, à l’économie et aux sciences exactes, lui donner sa vraie place dans les sciences humaines et sociales.


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