AISLF

Association

Un bref historique de l’AISLF

L’Association internationale des sociologues de langue française (AISLF) a été fondée en 1958 à Bruxelles, à l’initiative de Georges Gurvitch et d’Henri Janne, afin de favoriser les échange scientifiques au sein l’espace francophone de la sociologie et des sciences sociales.

Avec plus de deux mille membres répartis dans plus de soixante pays sur tous les continents, l’Association internationale des sociologues de langue française (AISLF) représente aujourd’hui la troisième association internationale de sociologie. Organisée depuis sa création autour de thématiques sociologiques, elle compte une quarantaine de Comités de recherche (CR) et une trentaine de Groupes de travail (GT).

L’AISLF a été officiellement fondée en 1958 lors du premier colloque de Bruxelles par Georges Gurvitch (1894-1965) et Henri Janne (1908-1991) afin de garantir un espace international pour la sociologie (et les sciences sociales) d’expression française. Elle venait concrétiser la décision prise en mai 1956 lors des Entretiens de Royaumont consacrés à la crise de l’explication en sociologie (Cahiers Internationaux de Sociologie, vol. 21, juillet-décembre 1956, p. 1-186).

L’AISLF s’adressait bien sûr aux sociologues des pays francophones – la France, la Belgique, la Suisse et le Canada étant les quatre pays fondateurs – mais aussi, dans le contexte de la décolonisation, aux sociologues des anciennes colonies françaises et belges accédant à leur indépendance au cours des années 1950-1960.
Toutefois l’AISLF ne se résume pas à un enjeu linguistique, défendre la langue française, elle porte également un enjeu scientifique, défendre la sociologie, qui dépasse les frontières géographiques et politiques de la francophonie.
En effet, l’Association internationale de sociologie (AIS) occupait depuis 1949 une position de monopole où l’anglais au détriment du français – les deux langues officielles de travail – s’imposait de plus en plus dans ses rencontres, ce qui renforçait l’hégémonie de la sociologie américaine. Or, pour les deux fondateurs comme pour les premiers membres de l’AISLF, le français constituait un outil scientifique particulièrement adapté pour l’analyse des relations sociales et donc pour la sociologie. En promouvant la sociologie de langue française, elle proposait donc un autre modèle sociologique, une alternative à la sociologie américaine dominante, ce qui dans le contexte de la guerre froide prenait également une signification politique.

En mars 1959, à l’occasion de son deuxième colloque sur « Les cadres sociaux de la sociologie » (organisé à Royaumont, Cahiers Internationaux de Sociologie, vol. 26, janvier-Juin 1959, p. 1-183), l’association se dote de statuts et d’un bureau provisoire élu pour quatre ans.
En 1963, Georges Gurvitch succéde à Henri Janne à la présidence de l’AISLF avec un premier bureau composé de douze membres. Dès lors, le fonctionnement de l’association se stabilise progressivement.
C’est également en 1963 que l’AISLF est déclarée auprès des autorités françaises, au titre des « associations étrangères » [1].

À partir de 1965, Georges Balandier (1920-2016), devenu président de l’AISLF, établit le siège social à Paris au Centre d’études africaines (Ceaf) qu’il dirigeait alors. Les congrès comme l’élection de la présidence et des membres du bureau (dont le nombre s’étoffa peu à peu) eurent lieu désormais tous les trois ans.
En 1971, elle organise son VIIIe congrès à Hammamet, faisant de la Tunisie le premier pays du continent africain à accueillir un congrès international de sociologie et élit pour la première fois à sa tête un tunisien, Chedly Ayari (1933-2021) alors ministre de l’Éducation nationale, c’est-à-dire un non-ressortissant de l’un des quatre pays fondateurs.
Cependant l’ouverture vers le continent africain reste insuffisante et, à l’issue du congrès de Toulouse en 1978, l’assemblée générale décide de modifier les statuts (en 1982 au congrès de Paris) afin de favoriser les sociologues des pays non fondateurs dans la composition des bureaux. Elle fixe également la temporalité des congrès, ainsi que la durée des mandats des membres des bureaux, à quatre ans. Enfin, elle déplace son siège social dans la ville rose, à l’Université Toulouse le Mirail, récemment renommée Toulouse Jean Jaurès.
En 1988, avec l’élection du sociologue étatsunien Edward Tiryakian, la présidence de l’AISLF est confiée pour la seconde fois à un non-ressortissant d’un pays fondateur. En 1996, une femme, Liliane Voyé, accède pour la première fois à la présidence de l’AISLF, bientôt suivie en 2004 par Monique Hirschhorn.

En 2006, l’AISLF lance SociologieS, une revue scientifique en ligne et en accès libre, afin de donner plus de visibilité internationale aux publications sociologiques en langue française.
En 2009, elle s’engage dans la formation doctorale en mettant en place le Rédoc, le Réseau international des écoles doctorales en sociologie et sciences sociales, qui organise chaque année une Université d’été.

En 2016, lors du congrès de Montréal, les statuts sont à nouveau modifiés, afin de prendre en compte la situation précaire des docteur·e·s en leur accordant, bien que membres non titulaires, le droit de vote en assemblée générale.

[1Arrêté d’autorisation du 11 avril 1963, publié au Journal officiel de la République française du 12 mai 1963. Pour des motifs de « sécurité nationale », les associations dites « étrangères » (composées de personnes étrangères en France) ont fait l’objet d’un traitement particulier dès le vote de la Loi de 1901 sur la liberté d’association (art. 12). Le contrôle sur ces associations fut encore renforcé par un décret-loi du 12 avril 1939, resté en vigueur jusqu’à son abrogation par le Conseil constitutionnel en octobre 1981. À compter de cette date, toutes les associations françaises sont régies par le droit commun de la loi de 1901.


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