J’écris ces quelques mots en hommage à Yvonne Roux, qui mena son dernier et courageux combat au plein milieu de cet été 1998.
Je veux simplement porter témoignage de mon amitié, de mon admiration et de ma reconnaissance, à l’égard de cette grande dame qui m’accueillit toujours avec chaleur, enthousiasme et gaieté, toutes les fois que je la sollicitai pour qu’elle me parle d’elle, de Georges Gurvitch, et de cette sociologie française qu’elle défendit avec passion. J’entamais alors une enquête sur cette période des recommencements de la discipline, qu’elle vécut de l’intérieur puisqu’elle prit une part active aux débats intellectuels qui agitèrent l’époque, participant à l’écriture de nombreux textes décisifs de Georges Gurvitch, dont elle devint la secrétaire dès octobre 1956, organisant sans relâche, séminaires, colloques et congrès, contribuant à l’émergence et au succès de l’AISLF et des Cahiers Internationaux de sociologie. Par la magie de sa parole, chantant les accents d’une Occitanie commune, le passé redevenait magiquement présent. Je souhaite que cette magie agisse encore, et investisse ce court texte écrit à sa mémoire, pour que son souvenir habite les vivants, et enrichisse notre mémoire collective.
Je lui dédie pour finir cette strophe du Zarathoustra de Nietzshe : « Comme une barque fatiguée, dans la baie la plus calme : ainsi, moi aussi, je repose maintenant près de la terre fidèle, plein de confiance et dans l’attente, attaché à la terre par les fils les plus légers ».